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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 21:56

 

La mer 2

La mer à Erdeven, mai 2010

 

 

Quand nul ne la regarde

La mer n’est plus la mer,

Elle est ce que nous sommes

Lorsque nul ne nous voit.

Elle a d’autres poissons,

D’autres vagues aussi.

C’est la mer pour la mer

Et pour ceux qui en rêvent

Comme je fais ici.

 

Jules Supervielle, La Fable du monde

 

Ce très court texte est une invitation à regarder les beautés du monde qui existent hic et nunc, sans nous. A notre image, la mer a son jardin secret !

 

 

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots.

 

 

 

 

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 21:25

  bartolomeomanfrediallegoriesaisonsc1610

Allégorie des saisons, Bartolomeo Manfredia, 1610

 

 

Mini Rondel

 

Passent les saisons,

Les jours gris ou roses,

S’effeuillent les roses

Sous les frondaisons

 

Sur les trahisons

Des gens et des choses

Passent les saisons

Les jours gris ou roses

 

S’ouvrent mes prisons

Quand sur moi tu poses

Tes yeux dont tu doses

Mes verts horizons

Passent les saisons…

 

« Toi » in Fumées

René Courbet de Champrouge

 

« Tout l’art du rondeau consiste à ramener le refrain sans effort, gaiement, naturellement », écrit Théodore de Banville dans son Petit Traité de poésie.

C’est ce naturel qui émane de ce mini-rondel de René Courbet de Champrouge, qui fut lauréat du prix Maurice Rollinat. Ce poète, qui habitait à Dunkerque, a bien respecté la construction sur deux rimes, la règle des deux premiers vers retrouvés à la fin de la deuxième strophe et du premier vers repris à la fin de la troisième strophe.

Mais, si la structure du poème correspond, comme c'est la règle,  aux trois quatrains et aux treize vers de la forme fixe, René de Champrouge a ici choisi le pentasyllabe, plus léger et plus dansant que le décasyllabe habituel. Ce rythme sied au mouvement hâtif et éphémère des saisons, l’évocation du regard de la femme aimée instaurant comme une pause amoureuse dans le passage inéluctable du temps.  Un poème émouvant dans sa légèreté apparente. 

 

 

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 17:17

Escargot

Un escargot, Pointe aux Piments, Ile Maurice (mars 2010)

 

L’escargot se déplace

dans une continue

création de son corps

s’invente et se rejoint.

 

Il glisse avec aisance

dans le tunnel sans fin

de son identité.

On le dit peu rapide,

 

sans voir que le précède

son image future

et qu’il avait en lui

la route qu’il emprunte

 

Loin de l'étang, 1971, 

in Le Livre d’or des poètes, Georges Jean, Seghers, Tome 2

 

 

J’aime ce poème d’Alexandre Toursky qui décèle la beauté secrète de l’escargot, faite de lenteur et d’invention perpétuelle.

Alexandre Toursky (1917-1970), dit aussi Axel, est ce poète français qu’admirait Joë Bousquet, qui disait en parlant de lui : « De tous les poètes, vous êtes celui dont je voudrais avoir tout l’œuvre dans le cœur. » Une invitation à le découvrir !

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 17:21

  raymond-radiguet

Raymond Radiguet par Pablo Picasso, 17 décembre 1920 

 

 

 

Ciel ! les colonies.

 

Dénicheur de nids.

Un oiseau sans ailes.

Que fait Paul sans elle ?

Où est Virginie ?

 

Elle rajeunit.

 

Ciel des colonies,

Paul et Virginie :

Pour lui et pour elle

C’était une ombrelle.

 

Raymond Radiguet, Les Joues en Feu (1920)

 

Les Joues en Feu de Raymond Radiguet (1903-1923) est le recueil de poèmes de ce jeune homme de dix-sept ans, que ses amis appelaient Monsieur Bébé, et qui mourut à vingt ans de la fièvre typhoïde.

Celui qui créa, avec son mentor Jean Cocteau et avec Erik Satie, un opéra-comique intitulé Paul et Virginie a écrit aussi ce court poème au titre semblable. En dix pentamètres d’une brièveté fulgurante, il a l’art d’exprimer ce que fut l’amour fou de deux enfants sous le ciel de l’île Maurice, alors Ile de France. « Tu me demandes pourquoi tu m’aimes ; mais tout ce qui a été élevé ensemble s’aime. Vois nos oiseaux ; élevés dans les mêmes nids, ils s’aiment comme nous : ils sont toujours ensemble comme nous… » (Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre, Collection GF, Flammarion, p. 113).

 

Dimanche 03 octobre 2010

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 08:37

  la chambre de van gogh à Arles

La chambre de Van Gohg à Arles, (1888), Van Gogh,

Musée Van Gogh, Amsterdam 

 

Dans Les Eblouissements, la comtesse Marie-Laure de Noailles célèbre la nature en une perception aiguë et pénétrante. Selon Gérard d’Houville, « elle était une petite déesse dansant dans la lumière et dans la joie », dont ces dix vers sont une belle expression.

 

 

Silence en été

 

Silence ; le soleil est pris dans le volet,

Et reste là, comme une abeille qui volait

Et qu’un lis blanc retient dans sa forte étamine.

Silence ; on n’entend pas que le temps vif chemine.

C’est un répit si clair, si sûr, si persistant

Que l’on croit être, enfin et pour toujours, content,

Et l’on sommeille, et l’air est jaune comme l’ombre,

- Ô silence, couleur de soleil dans la chambre !

Silence : horloge molle, au son faible, enchanté,

Qui marques les instants du bonheur, en été ! ...

 

Vie- Joie- Lumière in Les Eblouissements (1907)

 

 

 

Mercredi 21 septembre 2010

 

 

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 15:12

 

Louise de V

 

Le 05 mai 2010, ARTE diffusait Madame de, film-culte et chef-d’œuvre de Max Ophüls, adapté du roman éponyme de Louise Lévesque de Vilmorin. La fin tragique de ce mélodrame qui voit la mort de l’héroïne, interprétée par Danielle Darrieux, m’a fait penser au poème qu’écrivit la dame du « salon bleu » de Verrières-le-Buisson et qui ouvre le recueil Fiançailles pour rire, paru en 1939.  Il est intitulé « Mon cadavre est doux comme un gant.

 

Mon cadavre est doux comme un gant

Doux comme un gant de peau glacée

Et mes prunelles effacées

Font de mes yeux des cailloux blancs.

 

Deux cailloux blancs dans mon visage,

Dans le silence deux muets

Ombrés encore d’un secret

Et lourds du poids mort des images.

 

Mes doigts tant de fois égarés

Sont joints en attitude sainte

Appuyés au creux de mes plaintes

Au nœud de mon cœur arrêté.

 

Et mes deux pieds sont les montagnes,

Les deux derniers monts que j’ai vus

A la minute où j’ai perdu

La course que les années gagnent.

 

Mon  souvenir est ressemblant,

Enfants emportez-le bien vite,

Allez, allez, ma vie est dite.

Mon cadavre est doux comme un gant.

 Le salon bleu

Le salon bleu de Verrières-le-Buisson

 

Car la reine des soirées mondaines des années 50, la petite fiancée de Saint-Exupéry, l’égérie de Malraux, fut aussi une poétesse qu’Edmonde Charles-Roux n’a pas hésité à comparer à Louise Labé. Malraux, dans sa préface aux Poèmes de Louise de Vilmorin, édités chez Gallimard, s’en explique. Selon lui, elles possèdent toutes deux le fait d’avoir écrit « peu de poèmes, des amusements rhétoriques, une création en marge de [leur] temps […], quelques cris inoubliables. » Femmes de grande culture, les deux Louise font résonner, à quelques siècles de distance, le « même son grave  […] à partir d’un domaine et d’un ton traditionnels, […] dans l’instant où la corde se brise ».

Dans le film de Max Ophüls, Madame de avoue : « La femme que j’étais a fait le malheur de celle que je suis devenue. » N’est-ce pas là ce malheur intime que celle qu’on appelait Maliciôse- du nom d’une  de ses œuvres, L’heure Maliciôse- sut exprimer dans ses meilleurs poèmes ? Ceux dont son dernier compagnon Malraux a dit qu’ « ils ont donné l’âme et la voix à un enchantement désespéré ».

 

Sources :

Poèmes, Louise de Vilmorin, Préface d’André Malraux (1970), Poésie/ Gallimard.

 

 

Pour le Jeudi en Poésie, Communauté Croqueurs de Mots.

 

 

Jeudi 21 mai 2010

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 12:05

  Mars 2010, Voyage à l'île Maurice

 

 

 

P1010165

  Coucher de soleil sur la Pointe aux Piments

 

Les houles, en roulant les images des cieux,

Mêlaient d'une façon solennelle et mystique

Les tout-puissants accords de leur riche musique

Aux couleurs du couchant réflété par mes yeux.

"La vie antérieure"

 

 

île maurice 154

  Arum dans le jardin de Pamplemousses

 

Une île paresseuse où la nature donne

Des arbres singuliers et des fruits savoureux;

Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,

Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.

"Parfum exotique"

 

 

P1000493

  Etal de fruits dans le village de Pointe aux Piments

 

Comme un navire qui s'éveille

Au vent du matin,

Mon âme rêveuse appareille

Pour un ciel lointain.

"Le serpent qui danse"

 

 

P1000597

  Cap Malheureux, dans le Nord de l'ïle Maurice

 

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient nore chambre;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

A l'âme en secret

Sa douce langue natale.

"L'invitation au voyage"

 

 

P1000691

  Maison Eurêka à Moka

 

Cependant c'était la terre, la terre avec ses bruits, ses passions, ses commodités, ses fêtes; c'était une terre riche et magnifique, pleine de promesses, qui nous envoyait un mystérieux parfum de rose et de musc, et d'où les musiques de la vie nous arrivaient en un amoureux murmure.

"Déjà"

 

 

île maurice 007

  A la nuit tombante, Pointe aux Piments

 

Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin !

"Le voyage"

 

P1000548

  Un lotus dans le bassin des lotus, au jardin de Pamplemousses

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 15:23

ile-maurice-009.JPGPointe aux Piments, Lundi 01 mars 2010.

1

Aimes-tu les jours d'or dénués de mystère,
Les rayons alourdis desséchant les rameaux,
Et sous un morne ciel que jamais rien n'altère
La campagne immobile en sa robe d'émaux ?

P1000900.JPGMariage indien, Jeudi 04 mars 2010.

Viens, la sombre varangue embaume et fera taire
Dans mon coeur anxieux la voix des anciens maux,
Viens, ta bouche est la source où je me désaltère
Et tes seins sont pour moi comme deux fruits gémeaux
.


P1010148Filao, Pointe aux Piments,
Dimanche 07 mars 2010.

Aimes-tu mieux la nuit ? Sous les filaos grêles,
Où l'ombre a fait tarir le chant des tourterelles,
Des rayons filtreraient sur nous comme des pleurs.

P1000870.JPGDécoration florale, Vendredi 05 mars 2010.

J'aime à t'entendre dire une vieille berceuse,
Et l'heure coulerait comme une eau paresseuse
Au parfum des prochains gérofliers en fleurs
.

2

P1000779.JPGFleur dans le jardin de la Maison Eurêka,
Jeudi 04 mars 2010.

De l'impassible ciel, toujours, toujours pareil,
Les brises, comme les oiseaux, sont envolées ;
Et d'inutiles fleurs, d'aucune aile frôlées,
Dorment dans l'air pesant leur lumineux sommeil.

ile-maurice-116.JPGLe bassin des lotus dans le jardin de Pamplemousses,
Mercredi 03 mars 2010.

Il faut avoir connu tes splendeurs désolées,
O monotone ciel, ô voûte de vermeil,
Et le spleen que déverse un éternel soleil,
Pour savoir tout le prix qu'ont les terres voilées.

P1010075.JPGVue des hauteurs de Chamarel,
Samedi 06 mars 2010.

Là-bas où les coteaux ont des formes de seins
Et se couvrent au soir de robes transparentes,
Des cygnes noirs et blancs nagent dans les bassins
.

maurice-suite-022.JPGLes sept terres de Chamarel,
Samedi 06 mars 2010.

Un ciel pâle s'y mire, et les vapeurs errantes,
Et les peupliers longs que septembre a rouillés ;
La nuit prochaine endort l'odeur des foins mouillés
.

 3

En vain brillent les eaux, pour qu'il s'y désaltère,
Moloch féroce boit les larmes des forêts.
L'île chaude sous lui fume comme un cratère,
Les oiseaux se sont tus dans les arbres retraits.

ile-maurice-345.JPGHauts de Chamarel, cascade,
Samedi 06 mars 2010.
 
Mais loin du ciel grisâtre et de la morne terre
Les murs gardent encor des repaires discrets
Où le sommeil pour l'homme évoque avec mystère
L'essaim silencieux des rêves aux doigts frais.

P1000945.JPGDanseuse indienne,
Jeudi 04 mars 2010.

Et déjà vient le soir parmi les aromates.
Arrachant sa chair brune à la fraîcheur des nattes,
Dans son voile éclatant, comme une longue fleur.

P1000948.JPGDanseuse indienne,
Jeudi 04 mars 2010.

Djalia s'est dressée et fait tinter ses bagues,
Tandis que les rayons du soleil qui se meurt
Allument une flamme à ses prunelles vagues.

Paul-Jean Toulet,
Vers inédits, III, Sonnets exotiques,
Ile Maurice, 1888.


Dimanche 14 mars 2010.

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 16:45

  Paul-Jean-Toulet-2.jpg


Paul-Jean Toulet (1867-1920) est un poète méconnu que l’édition de ses Œuvres  complètes chez Robert Laffont, en juin 2009, va, on l’espère, contribuer à sortir de l’oubli. Son nom demeure essentiellement attaché à ses Contrerimes, recueil publié en 1921, peu après sa mort, et qui comporte aussi des Chansons (dont la célèbre « Dans Arles, où sont les Aliscams »), des Dixains et des Coples (pièces courtes de deux à quatre vers).

« En feuilletant les pages de ce livre de poèmes qui, dès sa publication, valut à Toulet une gloire entre toutes authentique, on s’aperçoit que les « contrerimes » proprement dites sont au nombre de soixante-dix. Il faut entendre par « contrerimes » des quatrains aux vers alternés de huit et six [syllabes], mais dont les rimes s’embrassent. » (Ph. C.)

Pierre-Olivier Walzer définit ainsi  ce procédé prosodique, au jeu de rimes assez rare :  « La contrerime est cette pièce formée le plus souvent de trois quatrains, construits d’après le schéma : 8-6-8-6 rimant a b b a, de sorte que le grand vers rime avec le petit, ce qui donne à la strophe un élan et une rapidité impossible à atteindre dans une strophe aux vers égaux. »
Michel Décaudin précise que c’est « un système d’une science exquise, avec ses deux octosyllabes et ses deux hexasyllabes alternés, rimant « à contre-longueur » [selon l’expression même de Paul-Jean Toulet] : en vingt-huit syllabes se superposent deux schémas légèrement décalés l’un par rapport à l’autre, l’ordre des vers étant a b a b et celui des rimes a b b a ; il en résulte une allégresse de la démarche qu’accentuent encore la brièveté des pièces, l’usage du rejet et celui de l’ellipse. »  Le trait marquant de la poésie de Toulet est ainsi sa concision, aucune pièce du recueil ne dépassant trente-six vers.

« Système d’une parfaite précision qui se fonde sur un principe d’indétermination, lui-même soigneusement contrôlé », ce rythme subtil fut employé notamment par Leconte de Lisle pour conférer aux poèmes une touche d’exotisme. Cette forme rigoureuse marque par ailleurs un retour à un certain classicisme, dans le souci de se préserver des élans passionnés du cœur, en masquant avec pudeur sa souffrance. »  L’hexasyllabe, fréquemment introduit par un relatif ou une préposition, vient comme l’écho étouffé d’une sensation ou d’un souvenir.

Les premières « contrerimes » de Paul-Jean Toulet paraissent en 1910 et lui valent alors d’être reconnu dès 1913 comme le chef de file des poètes dits « fantaisistes », tels Tristan Derême, Jean-Marc Bernard ou Francis Carco.

 

 

P1010166.JPG

Coucher de soleil sur la pointe aux Piments,
Dimanche 07 mars 2010.

Toi qu’empourprait l’âtre d’hiver

Comme une rouge nue

Où déjà te dessinait nue

L’arôme de ta chair ;

 

Ni vous, dont l’image ancienne

Captive encor mon cœur,

Ile voilée, ombres en fleurs,

Nuit océanienne ;

 

Non plus ton parfum, violier*

Sous la main qui t’arrose,

Ne valent la brûlante rose

Que midi fait plier.

 

 

*Nom vulgaire des giroflées.

 

II

 

  ile-maurice-007.JPG

A la nuit tombante, Pointe aux Piments,
Lundi 1er mars 2010.
 

O mer, toi que je sens frémir

A travers la nuit creuse,

Comme le sein d’une amoureuse

Qui ne peut pas dormir ;

 

Le vent lourd frappe la falaise…

Quoi ! si le chant moqueur

D’une sirène est dans mon cœur-

O cœur, divin malaise.

 

Quoi, plus de larmes, ni d’avoir

Personne qui vous plaigne…

Tout bas, comme un flanc qui saigne,

Il s’est mis à pleuvoir.

 

IX


P1000495.JPGCasuarinas ou filaos, Pointe aux Piments,
Mardi 02 mars 2010.
 

Molle rive dont le dessin

Est d’un bras qui se plie,

Colline de brume embellie

Comme se voile un sein,

 

Filaos* au chantant ramage-

Que je meure et, demain,

Vous ne serez plus, si ma main

N’a fixé votre image.

 

*Synonyme de casuarina, arbre qui pousse

sur les côtes de l’île Maurice.

 

XLV

 

P1010161.JPGCoucher de soleil, Pointe aux Piments,
Dimanche 07 mars 2010.

Douce plage où naquit mon âme ;

Et toi, savane en fleurs

Que l’Océan trempe de pleurs

Et le soleil de flamme ;

 

Douce aux ramiers, douce aux amants,

Toi de qui la ramure

Nous charmait d’ombre, et de murmure,

Et de roucoulements ;

 

Où j’écoute frémir encore

Un aveu tendre et fier-

Tandis qu’au loin riait la mer

Sur le corail sonore.

 

XLVI




Samedi 13 mars 2010. 

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 11:15


île maurice 244
Dans une rue de Port Louis, Ile Maurice,
Jeudi 04 mars 2010.

Elle est noire, c'est vrai. Corail ni jameroses*
Ne rient dans sa figure, ou l'or non plus des blés.
Mais, les charbons sont noirs comme elle. Allume-les :
On dirait un buisson de roses.

* Fruit du jamerosier ou jambosier, petit arbre à grandes fleurs, originaire de l'Inde,  
dont les fruits sont de grosses baie rouges sentant la rose.
On les utilise comme fruits de table ou pour préparer des boissons rafraichissantes.

LXI

maurice suite 017
La terre aux sept couleurs de Chamarel, sous la pluis tropicale,
Samedi 06 mars 2010.

Des bords du canal noir où tu quittas ton linge,
Le noir tchocra* te guette avec des yeux luisants,
Floryse. Au loin blanchit la mer sur les brisants,
Parfois sur Chamarel** on voit passer un singe.

* On désigne de ce nom un domestique, un groom, à l'île Maurice et à la Réunion.
** Au sud-ouest de l'île Maurice, terre dite "aux sept couleurs",  de l'orange au violet
en passant par l'ocre.

LXIX

île maurice 022
Pointe aux Piments, la mer devant la fenêtre,
au matin du mardi 02 mars 2010.

Nous fumâmes toute la nuit. Puis un boy vint
Pour ouvrir la fenêtre. Une aurore embaumée
Entra, chassant la nuit, les rêves, la fumée.
- "Une encor, dit Scilla. Ca fera juste 20."

LXXXIII


Ces quatrains sont extraits de Coples, pièces courtes de deux à quatre vers,
qui appartiennent au recueil Contrerimes.


Samedi 13 mars 2010.

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