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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 18:27

 

 

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             Masque africain d'origine inconnue (Mardi 02 août 2011)

 

 

Elle dort et repose sur la candeur du sable.

Koumba Tam dort. Une palme verte voile la fièvre des cheveux, cuivre le front courbe.

Les paupières closes, coupe double et sources scellées.

Ce fin croissant, cette lèvre plus noire et lourde à peine – ou le sourire de la femme complice?

Les patènes des joues, le dessin du menton chantent l’accord muet.

Visage de masque fermé à l’éphémère, sans yeux sans matière.

Tête de bronze parfaite et sa patine de temps.

Que ne souillent fards ni rougeur ni rides, ni traces de larmes ni de baisers

O visage tel que Dieu t’a créé avant la mémoire même des âges.

Visage de l’aube du monde, ne t’ouvre pas comme un col tendre pour émouvoir ma chair.

Je t’adore, ô Beauté, de mon œil monocorde!

 

A Pablo Picasso,

Léopold Sédar Senghor, Chants d'ombre  

 

 

 

 

Pour la communauté de Hauteclaire, Entre ombre et lumière,  

Thème proposé par Fryou : les objets d'art africain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 09:00

Femme à la fenêtre Caspar David Friedrich 1822 Nationalga

            Femme à la fenêtre (1822), Carl Caspar Friedrich,

                               Nationalgalerie, Berlin

 

 

 

La fenêtre est ouverte et le jardin s'endort,

Longuement, avec des bruits d'eau et des murmures

D'invisibles oiseaux blottis dans les ramures

Que le soir a tiédies de sa caresse d'or.

 

La fenêtre est ouverte. Et monte le silence

Du coeur des fleurs, du coeur de l'ombre jusqu'à nous

Qui, pensifs, l'écoutons venir à pas très doux

Du fond de notre obscure et grave conscience.

La fenêtre est ouverte... et le jardin n'est plus

Qu'une chose confuse et doucement lointaine

Où l'on entend parfois, aux rumeurs des fontaines,

Bouger les ailes des oiseaux qui se sont tus.

 

Premiers vers in La Bohème et mon coeur, 1939, Francis Carco

 

 

 

 

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 17:38

  Couchée Ernst

                  Le jardin de la France, Max Ernst (1962),

                                        Huile sur bois

 

 

 

A droite, le ciel, à gauche, la mer.

Et devant les yeux, l’herbe et ses fleurs.

Un nuage, c’est la route, suit son chemin vertical

Parallèlement à l’horizon de fil à plomb,

Parallèlement au cavalier.

Le cheval court vers sa chute imminente

Et cet autre monte interminablement.

Comme tout est simple et étrange,

Couchée sur le côté gauche,

Je me désintéresse du paysage

Et je ne pense qu’à des choses très vagues,

Très vagues et très heureuses,

Comme le regard las que l’on promène

Par ce bel après-midi d’été

A droite, à gauche,

De-ci, de-là,

Dans le délire de l’inutile.

 

Robert Desnos, Bagatelles, 1930-1932

 

 

Blog en pause

 

 

 

 

 

 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 09:49

  Paul Sérusier 1864-1927, Solitude musée des beaux arts de

         Solitude, Paul Sérusier, Musée des Beaux-Arts de Rennes

 

 

Chasseresse ou dévote ou porteuse de dons

La solitude est verte en des landes hantées

Comme chansons du vent aux provinces chantées

Comme le souvenir lié à l’abandon.

 

                      La solitude est verte.

 

Verte comme verveine au parfum jardinier

Comme mousse crépue au bord de la fontaine

Et comme le poisson messager des sirènes,

Verte comme la science au front de l’écolier.

 

                       La solitude est verte.

 

Verte comme la pomme en sa simplicité,

Comme la grenouille, cœur glacé des vacances,

Verte comme tes yeux de désobéissance,

Verte comme l’exil où l’amour m’a jeté.

 

                        La solitude est verte.

 

Louise de Vilmorin, Rimes du cœur, in Poèmes

 

 

 

 

 

 

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 17:42

 

                            Lederle     

                                                 Feux de la Saint-Jean en Bretagne, Fritz Lederle (1901-1975)

                                                                                   (Photo arcadja.com)

 

 

                                  I 

 

Terre de la nuance et des métamorphoses !

Quel voile délicat s’est posé sur les choses

Et donne au ciel ce ton mourant des fleurs de lin ?

Est-ce à Saint-Gille, au Huelgoat, à Goudelin ?

Le paysage, avec sa lande et son église,

Dans l’air ambré du soir se spiritualise

Et, vaporeux, atténué comme un pastel,

Semble flotter vraiment aux confins du réel.

Aucun souffle n’émeut cet impalpable tulle.

Et, cependant qu’à pas feutrés le crépuscule

Descend le chemin creux qui mène vers l’étang,

Le silence avec lui glisse, plane et s’étend.

 

                                 II

 

Est-ce à Gurunhuel, à Botmeur, à Crozon ?

Du soleil qui chavire au ras de l’horizon,

Tel un brick torpillé dont la membrure éclate,

L’adieu s’exhale en jets de soufre et d’écarlate.

Puis tout s’éteint et tout s’apaise par degrés.

Un fin croissant de lune argente les Arrhés

Et découpe en plein ciel leurs graves silhouettes,

Qui rêvent dans le soir au bord des eaux muettes.

Et c’est comme une attente et c’est comme un secret.

Les couples se sont tus sur la route : on dirait,

A l’obscure langueur qui soudain les pénètre,

Que quelque chose d’infiniment doux va naître.

 

                                  III

 

On ne voit plus l’église, on ne voit plus la lande.

Est-ce à Trédrez, à Guéradur, à L’Ile Grande ?

Un sel subtil se mêle à l’âcre odeur du foin ?

Maintenant c’est la nuit, la molle nuit de juin,

Blonde comme un verger, tiède comme une alcôve.

Vers l’ouest traîne un dernier lambeau de clarté mauve…

Hosanna ! Car voici que sur les monts d’argent

Pétillent, flambent, les bûchers de la Saint-Jean.

Leurs feux jusqu’à Roscoff étoilent la campagne

Et, priant ou chantant autour d’eux, la Bretagne

Sent, en ce premier soir du solstice d’été,

S’épanouir la fleur de sa mysticité.

 

Charles le Goffic, En Bretagne

 

En cette veille de la Saint-Jean, j’aime à lire ces vers dans lesquels Charles Le Goffic conte à sa manière les soirs de Saint-Jean  sur sa terre bretonne. Dans cette suite de trois strophes de douze  vers en alexandrins, il décrit ce passage imperceptible et doux du soir à la nuit, que viennent éclairer les feux de la Saint-Jean. A l’aide d’images délicates, de touches sensuelles, il évoque la tiédeur et le silence de cette soirée si particulière. Et, à la lueur des feux qui célèbrent le solstice d’été, il rend hommage à l’âme profondément mystique des Bretons.

 

Jeudi 23 juin 2011, Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Thème proposé par M’annette : conte, raconte

 

 

 

 

 

 

 

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 10:15

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Buste de Charles Le Goffic à Lannion par Jean Boucher

 

 

Marguerite Philippe (Marc’harit Phulup) est une chanteuse et une conteuse bretonne de la fin du XIX° siècle. Voici comment la décrit F-M Luzel dans ses Gwerziou (*) Breiz-Izel, en 1874 : « Pèlerine par procuration de son état, elle parcourt constamment la Basse-Bretagne en tous sens, pour se rendre (toujours à pied) aux places dévotes les plus en renom. Partout où elle passe, elle écoute, elle s’enquiert et me rapporte fidèlement toutes les chansons, tous les récits divers, toutes les pratiques superstitieuses et les coutumes qu’elle peut recueillir ou observer dans ses voyages. Sa mémoire est prodigieuse, et je n’exagère rien en portant à deux cents environ le nombre de chants de toutes sortes et à cent cinquante le nombre des contes merveilleux et autres qu’elle connaît. Elle demeure au village de Pont-ann-C’hlan, en Pluzunet. »

Grâce aux soins de Mme Mosher, un tombeau lui fut érigé en 1910 dans le cimetière de sa localité. Et c’est Charles Le Goffic qui a composé ce sonnet pour l’inauguration du monument. La conteuse y apparaît telle une ruche poétique, grâce à qui se transmet la mémoire du peuple celte.

 

 

Marc’harit Phulup

 

A Mme Mosher

 

Elle était la légende en marche vers l’Histoire.

Tous nos vieux saint la connaissaient : Guévroc, Ildut,

Maudez, Efflam, par qui le fourbe est confondu,

Pas un dont elle n’ait révéré l’oratoire.

 

Un gwerz, là-bas, traînait aux flancs du Ménez-Du,

Dolent comme l’appel d’une âme en Purgatoire,

Et le vivant rouleau de sa souple mémoire

Enregistrait le gwerz aussitôt qu’entendu.

 

En elle, comme au fond d’une ruche sonore,

S’élaborait le miel d’un sublime folklore :

Mythes et chants s’élevaient d’elle par essaims.

 

O Marc’harit, témoin suprême du vieil âge,

Avec toi s’est couché sous l’if au noir feuillage

Tout un peuple de dieux, de héros et de saints.

 

En Bretagne, A Eugène de Ribier

 

* Dans la musique bretonne, la gwerz (mot breton (pluriel gwerzioù) signifiant ballade, complainte) est un chant racontant une histoire, de l'anecdote jusqu'à l'épopée historique ou mythologique. Les gwerzioù illustrent des histoires tristes ou tragiques (Source : Wikipedia.org/wiki/Gwerz

 

  Charles Le Goffic dessiné par Osterlind le 10 septembre 19

Charles Le Goffic dessiné par Osterlind en 1907 (Collection particulière)

 

 

 

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Jeudi 16 juin 2011

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 14:15

 

l'attente delvaux

L'attente, Delvaux

 

 

 

Les pas


Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés.

Personne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus !

 

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

 

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,

Et mon coeur n'était que vos pas.

 


                                                               Paul Valéry,

                                                     Poésies, Charmes

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 13:53

Anatole le braz et conteuse 2

Anatole Le Braz, recueillant un récit

 

 

Approche -  la fraîcheur de l’enclos t’y convie –

Et, sur ce marbre noir, épèle ce nom d’or :

Celle qui le portait, passant, fut dans la vie

La confidente de la Mort.

 

On eût dit qu’un reflet de l’Erèbe celtique

Tremblait dans son regard phosphorescent et doux.

Que n’as-tu pénétré sous son porche rustique

Et pu l’entendre comme nous !

 

Cette Parque en exil parmi nos paysannes

Eût fait passer en toi le frisson du divin…

Or, mêlée à son tour au peuple errant des mânes,

Elle n’est plus qu’un souffle vain.

 

Mais les graves devis qu’égrenait sa voix lente,

Ses légendes, ses chants, tout son verbe sacré,

Echo mystérieux de la Cité dolente,

Le meilleur d’elle est demeuré.

 

Cesse d’interroger une cendre muette :

Comme renaît la flamme en un autre flambeau,

Lise revit plus belle aux pages du poète

Qui lui dédia ce tombeau.

 

Cette suite de cinq quatrains en alexandrins et en octosyllabes  fut écrite par Charles le Goffic. Elle se trouve dans la dernière partie du recueil de ses Poésies complètes, intitulée « En Bretagne ». Cette pièce fut lue le 20 août 1912, au cimetière de Penvénan, devant la tombe élevée par les soins d’Anatole Le Braz ((1859-1926) à sa conteuse préférée.

Lise Bellec était un de ces "sachants" qui faisait partie du groupe d’informateurs et conteurs réguliers, qui permirent à l’auteur de La Légende de la Mort en Basse-Bretagne (1893), de mener à bien la collecte des contes et récits bretons qui la constituent. Elle lui communiqua en effet neuf des cent-vingt-trois récits, Mystères "débordant de l'âme celte".

Petite femme rondelette et potelée, aux fines attaches d’aristocrate, cette couturière à la journée, sacristine de la chapelle de Port-Blanc, possédait une admirable maîtrise de la langue. On raconte que son art du dire surpassait souvent celui d’un Jean-Marie Toulouzan  ou d’un Laur Mainguy. Avec Marie-Hyacinthe Toulouzan, elle fut la "reine des veillées" en terre celtique au début du XXe siècle.

Dans ce poème, hommage d’un poète breton  à une conteuse bretonne, Charles Le Goffic confère à Lise Bellec une aura antique en la comparant à une « Parque en exil ». Sous sa plume, elle se métamorphose en une sibylle de l’Armor.

 

anatole-le-brazMonument à Anatole Le Braz, à Saint-Brieuc

 

 

 

Sources :

La Légende de la Mort chez les Bretons, Vol. 1, 1902, Wikisource

La Légende de la Mort, Anatole Le Braz, Préface de Claude Seignolle, Poche-Club Fantastique, 1966

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Thème proposé par Hauteclaire :

Légende de terre

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 18:44

Bretonnes sur le quai Charles Cottet

Bretonnes sur le quai, Charles Cottet

 

A Gabriel Vicaire

 

C’est Marivône Le Guînver,

Avec ses coiffes de batiste,

C’est Maryvône Le Guînver

Qui passe sa vie à rêver.

 

Marivônic, Dieu vous assiste

Dans l’avenir et le présent !

Marivônic, Dieu vous assiste :

Votre regard paraît triste !

 

Marivônic s’en va disant

Aux bateliers de la prairie,

Marivônic s’en va disant :

« N’est-ce pas l’heure du jusant ? 

 

« Et n’a-t-on pas vu, je vous prie,

Dans le chenal de Kerenor,

Et n’a-t-on pas vu, je vous prie,

Le vaisseau de sa seigneurie,

 

« Le beau vaisseau d’ivoire et d’or

Avec des mâts en palissandre,

Le beau vaisseau d’ivoire et d’or

De monseigneur Hadanic-Vor ? »

 

II

 

Hélas ! le soir tombe et mêle sa cendre

Aux brouillards légers qui montent des eaux,

Et les bateliers n’ont rien vu descendre

Sur le chenal bleu bordé de roseaux.

 

Mais Marivônic espère quand même,

En vain le temps passe, elle attend toujours,

Et, pour faire honneur à celui qu’elle aime

On ne la voit plus qu’en riches atours.

 

Regardez ! Sa coiffe est toute en batiste.

Ah ! qu’elle est jolie avec son justin

Où de fins galons, couleur d’améthyste,

Courent sur la laine et sur le satin !…

 

Et l’année ainsi va chassant l’année.

Marivône est vieille et marche à pas lents,

Et rien n’a changé dans sa destinée,

Sinon qu’aujourd’hui ses cheveux sont blancs.

  

III

 

Et la voilà vieille, vieille,

Au point qu’elle n’a, dit-on,

Sa pareille

Dans aucun bourg du canton.

 

Ses beaux yeux n’ont plus de flamme ;

Elle tremble au moindre vent ;

Mais son âme

Est aussi jeune qu’avant,

 

Et sous son hoqueton jaune,

Malgré l’âge et le besoin,

Marivône

Est toujours mise avec soin.

 

Songez donc, si tout à l’heure

L’impatient jouvenceau

Qu’elle pleure

Débarquait de son vaisseau

 

Et s’en venait d’un air tendre,

Avec deux ménétriers,

Pour lui tendre

L’anneau blanc des mariés !

 

IV

 

Or, un jour de printemps que la brise était douce,

Le beau vaisseau parut au détour du chenal,

Le jusant vers la mer l’entraînait sans secousse

Et ses hunes baignaient dans le vent matinal.

 

Mais à mesure aussi qu’il approchait des berges

On voyait que ses mâts étaient tendus de deuil.

Ses sabords restaient clos et quatre rangs de cierges

Flambaient sur le tillac autour d’un grand cercueil.

 

Marivône en silence attendait sur la grève,

Ses yeux gris avivés d’on ne sait quel éclat,

Car elle discernait maintenant qu’aucun rêve

N’a d’accomplissement sinon dans l’Au-Delà.

 

Elle portait toujours son vieux hoqueton jaune

Et, quand le noir vaisseau l’eut prise sur son bord,

A pas menus, les paumes jointes, Marivône

Alla s’agenouiller devant le prince mort.

 

Elle pria longtemps en fervente chrétienne,

Puis, disposant la couche où dormait son amant,

Elle étendit sa tête au chevet de la sienne,

Fit un signe de croix et mourut doucement.

 

J’aime beaucoup ce poème de Charles Le Goffic, qui appartient à une série de sept poèmes, regroupés dans Petits Poèmes, dédiés à José-Maria de Heredia. A travers une aura de légende, le poète y dit l’attente éternelle de celle dont l’amant est parti sur la mer. Tout une vie s’y déroule, de la jeunesse à la vieillesse de Marivônic, amoureuse éperdue de son prince. Les « mâts tendus de deuil » m’évoquent la voile noire du bateau de Tristan. Marivônic meurt d’amour, tout comme succomba Yseut la Blonde, croyant que Tristan était mort.

Pour dire cette tragique histoire de la femme qui reste à terre, Charles Le Goffic a su varier avec art le rythme des vers. Usant de l’octosyllabe (I), du décasyllabe (II), de l’heptasyllabe et du trisyllabe (III), et enfin de l’alexandrin (IV), multipliant les enjambements, il nous donne à voir et à entendre cette éternelle amoureuse au bout du quai, dont la vie ne fut qu’un rêve d’amour.

 

 

Pour le Jeudi en Poésie des Croqueurs de Mots,

Thème proposé par Hauteclaire : Légendes de mer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 12:57

                            Yves Leclair                                             Commere    

                                                   Yves Leclair                                                                            Pascal Commère

 

Hier, dimanche 20 mars 2011, s’achevait Le Printemps des Poètes 2011, dont le thème était consacré à D’Infinis Paysages.

La librairie, Le Livre à Venir, sise rue de la Tonnelle à Saumur, avait convié Yves Leclair et Pascal Commère pour une lecture de poèmes. Albane Gellé, poète et âme de l’association Littérature et Poétiques, a d’abord présenté ces deux jeunes poètes quinquagénaires. Tous deux écrivains attachés à leur terre, le premier enraciné dans la craie angevine, le second dans la glaise bourguignonne, nous ont fait pénétrer avec une extrême simplicité dans l’intimité de leurs mots.

Pascal Commère, fils de jockey et familier des bêtes et des maquignons, nous a d’abord emmenés loin dans un grand mouvement vers Oulan-Bator, au galop précipité des chevaux de Mongolie. De retour sur ses terres de l’Auxois, il a su nous dire son voisinage fraternel et compassionnel avec le monde rural, longtemps et toujours fréquenté. Il nous a fait ressentir l’extraordinaire vibration des mouches vibrionnantes, et le monde secret que recèle le fil de la lieuse. Il a expliqué que l’écriture est née chez lui vers l’âge de six ans et que, s’il n’avait pas écrit, il serait sans doute déjà mort.

Quant à Yves Leclair, il souhaite que son écriture tende de plus en plus vers l’épure. La poésie pour lui s’apparente à la méditation philosophique et, ultime paradoxe, le point d’orgue de l’écriture, serait peut-être de ne plus écrire. Appuyé sur son « bâton de randonnées », il a nous donné de nous émerveiller devant la jonquille de mars dans son pot d’étain, de nous abandonner à la « contemplation en montagne », pour enfin nous enjoindre à partir en quête de notre « Orient intime ». Et il nous a confié que c’est, dans sa jeunesse, la main tendue du grand poète Yves Bonnefoy qui lui permit d’entrer en poésie.

Hier, dans une petite librairie fleurant bon les livres, nous avons rêvé des chevaux de Mongolie et de la Chine de Bashô, des douces collines aux confins du Morvan et d’un jardin angevin planté d’arbres fruitiers. Mais surtout deux poètes nous ont confié que les « infinis paysages » sont au plus près de nous, en nous, et qu’il nous suffit de savoir les regarder.

 

  Le livre à venir 21 rue de la tonnelle

Le Livre à Venir, 21, rue de la Tonnelle à Saumur

 

 

 

 

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